Sécurité émotionnelle et méditation

Comment la méditation améliore-t-elle la sécurité émotionnelle ?
SECURITE EMOTIONNELLE ET MEDITATION

Sécurité émotionnelle et méditation

Comment la méditation améliore-t-elle la sécurité émotionnelle ?

Au moment où je prépare cet enregistrement je découvre la dernière publication de la sociologue Eva Illouz intitulée Les émotions contre la démocratie publié chez Premier Parallèle. Et je me dis que, à rebours de nombreux préjugés, la méditation est décidément une pratique majeure y compris peut-être pour sauver nos valeurs et libertés démocratiques.

Nous avons déjà médité ensemble sur le fonctionnement du cerveau et les pensées générées automatiquement par celui-ci. Nous avons aussi évidemment médité sur les principales émotions en particulier la peur ainsi que le stress et l’anxiété. Enfin nous avons déjà médité sur des antidotes possibles comme le pouvoir de l’intention, la robustesse psychique et le rôle des mantras. Je propose ici de réactiver toutes ces pratiques autour d’une méditation sur la sécurité émotionnelle.

Mon expérience personnelle est assez intense car j’ai vécu la plus grande partie de ma vie dans un grand manque de sécurité émotionnelle. La plupart du temps ma réaction première et fondamentale est l’inquiétude, la peur voire une franche panique dont notamment mes enfants sont régulièrement encore les témoins privilégiés, si on peut dire ironiquement. Le dialogue intérieur dans ces moments premiers donne quelque chose du genre : « oh non ! Pas ça ! » ou « Oh non ! pas maintenant, pas aujourd’hui » ou « oh non, sortez moi de là ! » ou « oh non, comment je vais faire, pourquoi moi ? » et pour finir par l’inévitable :« Mais comment font les autres ? » .

En de telles circonstances de dévastation émotionnelle et psychique, j’observe la relative inefficacité des injonctions du type « Calme toi ! » ou pire encore « Y a plus grave ! ». Toute tentative de retour au au calme ou de dédramatisation est dans un premier temps vaine car elle saute la case « accueil » et manifeste à la fois un manque d’empathie et au fond le refus de la déflagration émotionnelle pourtant à l’oeuvre. C’est en cela que la pratique de la pleine présence est une ressource car elle invite en premier lieu impérativement à la présence authentique et véritable avec ce qui se vit à l’instant donné. La méditation est cet entraînement à l’observation de ce qui est là et se donne à vivre, quoi que ce soit et quoi qu’il arrive. C’est une tout autre attitude face au vécu intérieur qui connaît lui aussi des tempêtes et parfois des naufrages.

Nous prenons donc quelques instants pour nous remémorer une scène de panique, d’effondrement et de dévastation intérieure. Et durant quelques minutes de cette pratique nous autorisons cet état de fait, nous laissons être la tempête émotionnelle, nous laissons faire le tsunami des pensées qui se cognent aux émotions incontrôlables. Qu’est-ce que je ressens exactement ? Quels sont les ressentis corporels ? Quelles sont les émotions qui s’entre-mêlent ? Quelles sont les pensées qui tournent en boucle ? Pendant quelques instants, je prends l’habitude de rester avec ces ressentis, exactement tels qu’ils sont, sans vouloir ni qu’ils ne soient pas, ni qu’ils cessent, ni qu’ils ne se reproduisent plus jamais. Comme on poserait un diagnostic ou un état des lieux, on s’entraîne à l’observation fine et précise afin qu’il y ait « un instant second choisi » après un « instant premier subi » sur le mode réflexe.

Sécurité émotionnelle et méditation : quels exercices pratiques ?

Ensuite, je suggère donc de songer à la notion de « sécurité émotionnelle ». On pourrait pour blaguer rappeler une devise du ministère de l’Intérieur à savoir «  la sécurité est la première des libertés » pour se rappeler qu’il faut, en effet, à un moment ou un autre parvenir à échapper aux pensées anxieuses et limitantes, se défaire de l’étreinte des émotions désagréables qui altèrent notre jugement critique et peuvent causer des comportements délétères que l’on regrettera ensuite.

Pour retrouver un peu de sécurité émotionnelle sans entrer dans lutte contre soi-même ni l’auto-repression interne, il convient comme toujours de retrouver son ancrage corporel. Les exercices sont bien connus désormais. Essayons de ressentir notre arrimage au sol. Essayons de réamorcer le cerveau, en portant notre attention sur le souffle. Ainsi, depuis le cerveau reptilien, l’emballement du cerveau limbique sera court-circuité. Progressivement le fonctionnement de la pensée rationnelle sera à nouveau possible depuis le néo-cortex. Bien sûr, les pratiques usuelles de scanner du corps et d’observation de la respiration sont d’autant plus efficaces et rapides qu’elles font partie de notre quotidien.

Enfin, comme nous en avons l’habitude nous prenons refuge dans l’instant présent dans lequel le danger véritable est rarement actif si l’on se replace à l’échelle du temps de notre vie. Nous revenons juste ici et juste maintenant par les sens, par la connexion aux autres et à l’environnement et par observation des faits tels qu’ils sont objectivement. On essaye ainsi de reprendre la main et de nous mettre en action afin de modifier le réel s’il ne nous convient pas ou de nous adapter au réel si nous n’avons pas le choix. Rien ne nous interdit à ce stade de générer pour nous-mêmes des pensées rassurantes. C’est assez logique au fond et on le ferait pour un ami en détresse. Il y a une pratique de méditation qui consiste à répéter mentalement « je suis chez moi, je suis arrivé, je suis en sécurité ». Comme on fait parfois le tour du propriétaire pour rassurer les terreurs enfantines, les portes et les fenêtres étant fermées, on peut se rassurer. Je me rappelle que ma mère disait le soir « hum, tu es bien dans ton lit » ou que mon père disait parfois « non, mais, ça ne risque rien !» pour nous rassurer quand on était inquiètes mes sœurs et moi. Pourquoi se priver de paroles rassurantes quand on sent qu’on a besoin de sécurité émotionnelle non seulement dans l’instant mais aussi pour passer à l’action efficacement et avec pertinence ? On se rappellera que « tout est là, juste là ». On pourra évoquer la forteresse intérieure des stoïciens qui demeure imperturbable grâce à des maximes totalement intégrées. Selon sa sensibilité chacun cherchera dans les grandes traditions spirituelles pluri-millénaires, des aphorismes rassurants. On pourra si on préfère, et comme l’a fait dans sa cellule Nelson Mandela, activer en complément, des pensées issues de la psychologie positive. Enfin, on n’oubliera jamais de faire preuve d’humour pour mettre à distance le réel en se disant : «  c’est marrant au fond ! » ou comme me le disait l’autre jour ma fille cadette : «  il n’y a pas de galères, juste ça fera des anecdotes à raconter plus tard ».

Retrouvez les podcasts précédents

Mantras bienfaisants

Méditation et anxiété

Hardiness, la robustesse psychique

Laisser passer les pensées

Les émotions capitaines de nos vies

https://nospensees.fr/linsecurite-emotionnelle-quand-le-manque-de-confiance-nous-submerge/

https://www.huffingtonpost.fr/life/article/9-mantras-que-les-experts-utilisent-contre-l-anxiete_130729.html

Photo A et D Rideau, merci les amis !