Quelle est la puissance de la gratitude ?
En quoi la méditation sur la gratitude est-elle une pratique puissante ?
I/ CONNAITRE LA DÉFINITION ET L’ÉTYMOLOGIE DU TERME « GRATITUDE »
POUR DECOUVRIR SON POUVOIR
Pour mieux comprendre le pouvoir de la gratitude, on peut consulter le dictionnaire du CNRTL (Centre nationale de ressources textuelles et lexicales). La gratitude est définie comme un lien de reconnaissance envers quelqu’un dont on est l’obligé à l’occasion d’un bienfait reçu ou d’un service rendu. On dira par exemple : accepter quelque chose avec gratitude. C’est aussi un sentiment de reconnaissance et d’affection envers quelqu’un. On dira par exemple : un regard plein de gratitude.
L’étymologie du mot gratitude qui se dit gratitudinem est le mot latin gratus qui signifie agréable, ce qui plaît, ce qui est précieux. La gratitude permet donc de reconnaître ce qui est agréable et précieux dans nos vies. C’est pourquoi quand on apprécie un comportement on utilise le mot « merci ». La racine de ce dernier est merces en latin. Merces signifie salaire, récompense, solde, intérêt. Exprimer sa gratitude en disant « merci » c’est donc reconnaître la valeur et le prix de ce que l’on reçoit ou de ce qu’on l’on fait pour nous. On voit donc que la gratitude suppose une forme de lucidité et d’humilité qui constituent déjà tout un état d’esprit voire une certaine sagesse.
II/ LA GRATITUDE EST EN EFFET UNE VERTU POUR LES PHILOSOPHES
QUI PERMET DE VIVRE BIEN ET AVEC SAGESSE
Pour les stoïciens, le désir est infini et produit de la frustration et de l’insatisfaction à jet continu. Il n’est pas raisonnable pour un philosophe de passer sa vie à cultiver des désirs, à songer au conditionnel au bonheur (« ah ! si j’avais ceci ou cela… », « ah ! …quand j’aurais ceci ou cela…). C’est d’autant plus absurde que le plaisir est fugace et le plus souvent éphémère. Il est plus sage pour le philosophe, qui aspire à vivre selon le bien et à trouver le bonheur véritable, de s’abstenir de s’agiter dans tous les sens pour courir indéfiniment derrière ses désirs. Il est plus raisonnable et pertinent de commencer par faire l’inventaire ce que l’on a déjà, ici et maintenant, dans nos mains, dans nos maisons et dans nos vies…. Il est plus prudent de commencer par apprécier véritablement ce que l’on croit acquis et éternel alors que c’est, en vérité, fragile et provisoire. L’empereur Marc Aurèle (in Pensées pour moi-même, 160-180 ap JC, à l’apogée de l’empire romain) invite par exemple à cette conduite : « En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d’être heureux. »
On raconte ainsi que pour cultiver leur gratitude, les stoïciens avaient un exercice qu’ils appelaient le praemeditatio malorum qui équivaut à une forme visualisation négative. Il s’agit de s’imaginer privé des choses que nous avons déjà pour pouvoir mieux les apprécier. « Ne pense pas aux choses que tu n’as pas comme si elles étaient déjà là ; fais plutôt le compte des biens les plus précieux que tu possèdes, et songe à quel point tu les rechercherais, si tu ne les avais pas. » C’est un exercice me rappelle cette anecdote qui, 2000 ans plus tard, met en scène deux astronautes dont la mission dans l’espace connaît des avaries et qui évoquent comme ils seraient heureux de pouvoir simplement rester en vie et vivre en bonne santé, marcher à nouveau sur la terre, respirer à l’air libre sans équipement, retrouver leurs proches et leur petit confort domestique. Mais certains trouveront peut-être austères ces pratiques et historiettes. Consultons donc l’ouvrage d’André Comte-Sponville intitulé Petit traité des grandes vertus (PUF 1995) qui avec optimisme nous invite à pratiquer la gratitude comme une vertu qui a le pouvoir de développer notre aptitude au bonheur. Tout d’abord la gratitude est décrite comme cette vertu agréable à pratiquer : « la gratitude est un second plaisir qui prolonge le premier : comme un écho de joie à la joie éprouvée ». L’auteur décrit avec gourmandise ce « bonheur en plus » qui offre comme un supplément de bonheur : la gratitude c’est le « plaisir de recevoir, la joie d’être joyeux ». Bien sûr le philosophe ne saurait se contenter d’une analyse uni-dimentionnelle et donc André Comte-Sponville nous met également en garde. La gratitude étant une vertu, c’est qu’elle ne « va pas de soi » et qu’ « on peut en manquer ». Il y a même « quelque mérite à la ressentir ». Et l’auteur de convoquer l’ingratitude : « l’égoïste est ingrat : non parce qu’il n’aime pas recevoir mais parce qu’il n’aime pas reconnaître ce qu’il doit à autrui ». Or pour le philosophe « la gratitude est cette reconnaissance ». Dans un autre ouvrage de l’André Comte-Sponville, on trouve cette citation « la gratitude se réjouit de ce qu’elle doit, quand l’amour-propre préférerait l’oublier » (Dictionnaire philosophique, PUF, 2001). L’ingrat ainsi « n’aime pas rendre grâce », et l’égoïste « parce qu'[il] n’aime pas partager, parce qu’il n’aime pas donner » n’offre pas sa gratitude. L’ingratitude est définie comme « cette incapacité à rendre sous forme de joie, sous forme d’amour un peu de la joie reçue ou ressentie ». A ma collègue et amie qui m’a inspirée cette recherche et qui souffrait de recevoir de l’ingratitude aux bienfaits qu’elle avait offerts, j’adresse donc ce petit message personnel. Dans l’idéal, il faudrait plaindre et avoir de la compassion pour celui qui ne sait pas dire « merci » et qui donc se prive du pouvoir de la gratitude. Ignorant du fait que « la gratitude ne nous enlève rien », il ignore qu’elle est « un don en retour, mais sans perte et presque sans objet ». En effet, la gratitude selon André Comte-Sponville « n’a rien à donner que ce plaisir d’avoir reçu ». Celui qui ne remercie pas parce que « remercier c’est donner » et parce que « rendre grâce, c’est partager », serait tellement plus souvent heureux en activant le pouvoir de la gratitude qui est une vertu « heureuse » et « humble ». Il dirait volontiers « ce plaisir que je te dois, ce n’est pas pour moi seul. Cette joie, c’est la nôtre. Ce bonheur, c’est le nôtre ». Et à n’en pas douter, dans la célébration de ce bonheur partagé, il découvrirait toute la puissance de la gratitude.
Cette partie de l’introduction sur la puissance de la gratitude est lue en cliquant ci-dessous.
Pratique de méditation sur la gratitude comme vertu en cliquant ci-dessous
La chanson de la gratitude c’est L’Auvergnat de Georges Brassens
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Une pratique complémentaire pour renforcer la puissance de la gratitude
Sitographie consultée et utilisée pour cet article sur la puissance de la gratitude
https://www.lesechos.fr/weekend/perso/bien-etre-la-pratique-de-la-gratitude-a-change-ma-vie-1210485
https://www.decitre.fr/livres/la-gratitude-9782714479280.html
La gratitude. Cette force qui change tout
Alexandre Jollien (Préfacier), Sylvie Carteron (Traducteur)
https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-16-aout-2019
https://www.franceculture.fr/emissions/trois-minutes-mediter/gratitude
http://vieetcancer.be/bien-etre/et-si-je-me-faisais-du-bien-en-disant-merci
https://fr.wikihow.com/r%C3%A9agir-lorsque-l%27on-est-pas-remerci%C3%A9-pour-un-cadeau
https://lapenseedujour.topchretien.com/les-trois-dimensions-de-la-gratitude/
https://croire.la-croix.com/Definitions/Sacrements/gratitude-fait-bien-2019-12-26-1701068554
https://www.bibleinfo.com/fr/topics/reconnaissancegratitude
https://www.lavie.fr/ma-vie/spiritualite/6-pistes-pour-cultiver-la-gratitude-chretienne-60595.php
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https://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Grace/Qu-est-ce-que-la-grace
https://www.youtube.com/watch?v=bh7PLQjn610 sagesses bouddhistes