La relation à l’Autre : méditation démocratique

Méditer la relation à l'Autre : méditation démocratique pour parvenir à agir en reconnaissant l'égale dignité de l'Autre
Méditer la relation à l'Autre : méditation démocratique pour parvenir à agir en reconnaissant l'égale dignité de l'Autre
Méditer la relation à l’Autre : méditation démocratique pour parvenir à agir en reconnaissant l’égale dignité de l’Autre
Tu es mon autre, Mauranne et Lara Fabian, paroles plus bas

Relation à l’Autre, méditation démocratique

Plongée dans le cœur de la sociologie dans l’Heure Bleue, avec Dominique Schnapper, émission du 15 mai 2023 Franceinter

et « La relation à l’Autre. Au cœur de la pensée sociologique » (Gallimard).

L’égalité civile, juridique et politique des citoyens

Dominique Schnapper : « En démocratie, les autres sont à égalité du point de vue civil, juridique et politique. Mais en même temps, ils sont toujours différents de moi, par définition. L’idéal, et le meilleur, des sociétés est de reconnaître toutes les diversités, à condition qu’elles ne soient pas contradictoires avec les principes communs, et en même temps de les transcender par l’idée fondamentale de l’égalité, de dignité. »

La reconnaissance de l’Autre

Dominique Schnapper poursuit : « A l’intérieur de nos sociétés, la reconnaissance de l’Autre est le principe universel. Elle comporte des difficultés d’application puisque les gens sont divers. Cette reconnaissance est l’un des fondements anthropologiques de la démocratie. Reconnaître l’Autre dans son égale dignité, quelles que soient ses différences, ne les nie pas. Elles existent. A la limite, chaque être humain est différent de tous les autres. Il est unique et certains groupes ont aussi une histoire et une identification (je préfère le mot « identification » à « identité »), qui est pour eux une façon de vivre, une expression de ce qu’ils ont de plus authentique, et de plus personnel. Et l’ordre démocratique doit respecter ces identifications tant qu’elles ne sont pas contradictoires avec le principe commun qui est la liberté et l’égalité de tous les êtres humains. Les traditions fondées sur une différence de statut des hommes et des femmes sont contradictoires avec les principes de la démocratie, et donc doivent être critiqués. Et ce n’est pas parce qu’on a toujours fait comme ça qu’elles sont justes ou qu’elles sont acceptables dans notre société. »

Une violence nouvelle contre les Institutions

Dominique Schnapper : « On assiste depuis une ou deux décennies à une violence dans les relations entre les personnes, entre les groupes, ou à l’égard des institutions. Elle est inquiétante dans la mesure où la démocratie suppose qu’on reconnaît l’Autre dans son égale dignité. Et pour qu’il puisse y avoir ce dialogue, ce débat, cette opposition éventuelle entre des êtres, cela passe par le respect des institutions politiques. Et quand on voit la plus grande démocratie, la plus large où l’ancien président fomente un quasi coup d’État contre la pratique régulière et légale des institutions. On peut se demander si on n’entre pas dans une période de danger. »

Vers un nouveau regain de l’ère des autoritarismes ?

Dominique Schnapper se dit frappée par le décalage entre les générations. « Les enquêtes sur les jeunes montrent que, n’ayant pas hérité de la même expérience historique, ils ne se rendent pas compte des avantages relatifs, mais très forts de l’ordre démocratique. Ils n’ont pas l’air d’y être attachés, ni de comprendre la nécessité des institutions pour la faire fonctionner. Ils expriment des opinions qui remettent en question les principes globaux sur lequel nous vivons et sur lequel vit la démocratie. Et cette fracture générationnelle me paraît très inquiétante puisque, par définition, ce sont les jeunes qui font la société de demain et ils n’ont pas l’air d’être convaincus des vertus de la démocratie.

Il y a un problème de transmission par la génération d’avant. Mais c’est surtout un ensemble, c’est un ensemble de transformations de la société qui fait que les jeunes élevés dans le confort, la paix et la liberté des sociétés démocratiques, le prennent pour allant de soi. Ils ne peuvent pas imaginer que ça puisse être autrement. »

De nouvelles formes de démocratie à inventer ?

Dominique Schnapper : « La démocratie a toujours été critiquée parce que, par définition, c’est qu’elle porte un idéal la liberté et l’égalité de tous les êtres humains, qui est contradictoire avec l’expérience sociale que nous faisons tous des différences et des inégalités. Et donc la République représentative a toujours été critiquée par les limites de l’expression directe de la démocratie. Et on a de la peine à penser que la paix peut amener à cette critique de la démocratie, quand on pense à tous ceux qui, pendant la guerre, ont donné leur vie pour justement assurer aux générations suivantes les conditions de paix dans lesquelles elles ont vécu. C’est douloureux à penser.
Mais nous n’avons en tout cas pas su ou en tout cas, elles n’ont pas voulu apprendre que l’aspiration démocratique pour organiser une société doit respecter un certain nombre des institutions qu’il organise et que le vote, la loi de la majorité, le respect de l’autre…

Enfin, il y a toute une série de conditions pour que la démocratie organise effectivement la société.

Quand il n’y a pas ce contrôle par ces institutions, Internet montre d’ailleurs ce qui arrive quand il n’y a pas de contrôle par les institutions avec le torrent de haine et d’injures qui s’y déploie. Cela devrait nous apprendre à tous la nécessité du contrôle pour canaliser les passions des hommes. Nous n’avons pas su transmettre aux jeunes générations l’idée que pour organiser réellement, concrètement la société, il faut qu’elle soit canalisée par des institutions qu’il faut respecter. »

Sur la dissolution du Conseil scientifique de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT

Dominique Schnapper : « J’ai été très peu de temps pour présidente de ce conseil parce que j’ai pris la présidence du Conseil sur la laïcité au ministère de l’Éducation nationale. J’ai regretté évidemment la dissolution d’un conseil scientifique parce que je pense que le dialogue entre ceux qui sont chargés de l’action et les scientifiques est, dans son principe, une bonne chose. Pendant les un an, ou 18 mois, où je l’ai présidé, le fonctionnement était, me semble-t-il, de bon aloi. Je me souviens de discussions, en particulier sur la publication des textes antisémites de Céline… Nous nous penchions beaucoup sur le racisme et l’antisémitisme. La lutte anti-LGBT est arrivée après. Il y a eu des tensions extrêmement fortes, entre deux positions qui rendaient le fonctionnement du conseil difficile. »

La petite sirène

Dominique Schnapper explique ce qu’est ce mouvement de Caroline Eliacheff à propos duquel il y a eu une polémique au sein du conseil : « La Petite Sirène, est un groupe de pédopsychiatres qui souhaite qu’on cesse de faire des interventions chirurgicales sur des très jeunes de treize ans, quatorze ans, qui s’interrogent sur leur identité de genre. Il juge que cette étape fait partie de l’étape de la vie des jeunes adolescents et qu’il faut les traiter psychologiquement par des spécialistes et remettre à l’âge adulte les quelques-uns qui, effectivement, ont besoin d’interventions chirurgicales. C’est une position que je trouve absolument saine et raisonnable, mais ce mouvement est souvent interdit de parole et considéré comme transphobe, ce qui n’a aucun rapport avec la réalité. Et c’est un exemple de conflit extrêmement violent où ceux avec lesquels on est en désaccord sont accusés de façon scandaleuse. Parce qu’il n’est pas question de transphobie, il est question de remettre des interventions chirurgicales sur lesquelles on ne peut pas revenir ensuite, à un âge où les adultes ont montré qu’ils étaient transgenres, c’est-à-dire une population de nombre extrêmement faible. »

Une société où il est de plus en plus difficile de discuter

Dominique Schnapper : « Ce n’est pas une solution que d’empêcher de parler celles et ceux qui ne pensent pas comme vous. Je trouve ça dramatique la démocratie est un régime dans lequel on écoute l’autre, fusse pour diverger, mais avec lequel on discute. L’autre n’est pas un ennemi. C’est, dans le monde politique, c’est en concurrence, c’est un rival, c’est un collègue, c’est un ami, un adversaire intellectuel. Mais pas un ennemi. » La suite est à écouter…

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-lundi-15-mai-2023-8624356

Paroles Tu es mon autre

Âme ou sœur
Jumeau ou frère
De rien mais qui es-tu?
Tu es mon plus grand mystère
Mon seul lien contigu
Tu m’enrubannes et m’embryonnes
Et tu me gardes à vue
Tu es le seul animal de mon arche perdue

Tu ne parles qu’une langue, aucun mot déçu
Celle qui fait de toi mon autre
L’être reconnu
Il n’y a rien à comprendre
Et que passe l’intrus
Qui n’en pourra rien attendre
Car je suis seule à les entendre
Les silences et quand j’en tremble

Toi, tu es mon autre
La force de ma foi
Ma faiblesse et ma loi
Mon insolence et mon droit

Moi, je suis ton autre
Si nous n’étions pas d’ici
Nous serions l’infini

Et si l’un de nous deux tombe

L’arbre de nos vies
Nous gardera loin de l’ombre
Entre ciel et fruit
Mais jamais trop loin de l’autre
Nous serions maudits
Tu seras ma dernière seconde
Car je suis seule à les entendre
Les silences et quand j’en tremble

Toi, tu es mon autre
La force de ma foi
Ma faiblesse et ma loi
Mon insolence et mon droit

Moi, je suis ton autre
Si nous n’étions pas d’ici
Nous serions l’infini
Ah, ah
Ah, ah

Et si l’un de nous deux tombe

Source : LyricFind

Paroliers : Eric Vleminckx / Lara Fabian

Paroles de Tu es mon autre (en duo avec Lara Fabian) © Sony ATV Music Publishing France

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Image par Gerd Altmann de Pixabay