APPRENDRE LE NON-EFFORT GRACE A LA MEDITATION

APPRENDRE LE NON-EFFORT GRACE A LA MEDITATION pour s’exercer et essayer de ne plus chercher à saisir les événements mais s’exercer porter simplement notre attention à ce qui est. C’est l’une des sept attitudes fondamentales à cultiver pendant la pratique méditative et certainement l’une de plus importantes transmises par Jon Kabat-Zinn, Au coeur de la tourmente, la pleine conscience, J’ai lu, 2012. https://www.babelio.com/livres/Kabat-Zinn-Au-coeur-de-la-tourmente-la-pleine-conscience-MB/288891

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Le non-effort est particulièrement étonnant pour les Occidentaux et semble tout à fait contraire à notre mode de fonctionnement ordinaire qui inscrit la plupart de notre vie dans le mode FAIRE et la plupart de nos activités qui dans une tension vers un objectif. Or, la méditation telle qu’elle est présentée par Jon Kabat-Zinn propose de se déployer dans la conscience et dans le “non-agir”. Il s’agit de focaliser l’attention sur ce qui est, mais en évitant aussi bien la saisie que l’aversion aux changements infinis de la vie. De plus, la méditation se déploie, dans l’idéal, sans chercher non plus à changer quoi que ce soit ni à obtenir un quelconque résultat. C’est méditer pour méditer dans un premier temps. Bien sûr, on observer avec le recul, la patience et la pratique régulière, un certain nombre de modifications intérieures et dans nos vies. Mais…peut-être pas… peut-être pas tout de suite …et … peut-être pas sous une forme attendue….et c’est sans importance au regard de cette attitude du non-effort qui invite à se focaliser sur l’acte de méditer avec intensité et détermination et non sur le résultat. Cette attitude est intéressante car elle ne suppose pas le laisser-aller ou l’abandonnisme qui reviendrait à ne plus rien planifier, mais le non-effort est plutôt à comprendre comme l’intention de rester ouvert et flexible dans l’existence et de nous entraîner à sentir lorsque nous essayons de forcer les choses. En d’autres termes, la méditation et singulièrement l’attitude de non-effort consiste à renoncer à la tentation de vouloir que ce qui est ne soit pas et à renoncer à nous rendre ailleurs que là où nous sommes. C’est tellement déroutant au début que nous expérimentons dans une pratique d’entraînement, hors du mouvement de la vie quotidienne et dans le contexte protégé de la méditation où nous essayons d’être pleinement attentif au moment présent.

Dans les fonctions d’enseignement, on peut trouver paradoxal ce thème puisque souvent la notion d’effort est convoquée dans les classes et le professeur se doit d’agir pour faire travailler les élèves. Il s’agit bien de vouloir changer le donné pour aller vers davantage d’implication et de réussite scolaire. On peut se retrouver davantage dans des valeurs d’action, de volontarisme et d’énergie. Toutefois, on a tous essayé de boucler une séquence à marche forcée pour finir par constater que les réticences ou le manque de temps produisent un résultat en-deçà de nos attentes. On a tous tenté de changer le déroulé d’un cours pour constater que les jeunes gens se sentent bousculés et se montrent peu coopératifs dans ce cas… alors même que la proposition était plus créative ou plus avantageuse pour eux selon nos critères. On a tous constaté amèrement qu’un cours de rattrapage à un horaire inhabituel pouvait se révéler fort laborieux et tout à fait dénué de la gratitude escomptée…. La liste est longue des occasions dans lesquelles on aura pu se dire après-coup qu’il aurait mieux valu tenir davantage compte du réel tel qu’il est pour « rester ouvert et flexible » et pour mieux  « sentir lorsque nous essayons de forcer les choses ». En n’essayant pas « de nous rendre ailleurs que là où nous sommes », nous avons davantage de chance d’être en phase avec la réalité telle qu’elle nous est donnée à vivre et de trouver paradoxalement les réponses les plus ajustées et les plus efficaces. Agir mais à partir du réel donné, faire effort mais de manière pragmatique et non à la poursuite d’un idéal déconnecté des faits observables, changer mais seulement ce qui peut l’être et se borner en priorité à ce qui est de notre ressort et de notre responsabilité. Faire peut-être moins mais le faire mieux, c’est déjà tout un programme… !

Plus généralement, c’est de retourner à l’origine bouddhiste de la méditation pour comprendre plus subtilement le sens de non-effort. La langue ancienne utilisée par le bouddhisme est le sanskrit au II° millénaire avant notre ère. En sanskrit le mot méditation est Bhāvanāqui signifie culture mentale au sens de l’entraînement et du développement comme on pratiquait au XX° siècle la culture physique et la gymnastique dans les écoles. Il s’agit de « nettoyer l’esprit de ses impuretés » et de ce qui le perturbe et de cultiver au contraire ses « belles qualités de concentration, l’attention, l’intelligence, la volonté, l’énergie, la faculté d’analyser, la confiance, la joie, le calme » avec l’intention de parvenir « finalement à la plus haute sagesse qui voit les choses telles qu’elles sont et qui atteint la Vérité Ultime, le Nirvāna. » Le terme de culture est précieux et suggère un parallèle avec le jardinage. Jardiner c’est cultiver et donc bien sûr veiller au calendrier, préparer la terre, planter etc… Mais ensuite, jardiner c’est moins une affaire d’efforts que de savoir accompagner la germination et suivre attentivement le rythme de la nature. Pour le dire vite, tirer sur les fanes des radis n’a aucun sens et ne les fait pas pousser plus vite ni mieux. Pratiquer le non-effort, c’est reconnaître les situations dans lesquelles tirer, pousser, rager, pester ou s’agiter est inutile voire nuisible puisque c’est surtout générateur de tensions et de crispations. Cultiver son esprit par la méditation c’est observer et ressentir finement en soi que dans certaines situations c’est plutôt le non-effort qui constitue une ressource précieuse et efficace. https://mmindfulness.fr/non-effort-pleine-conscience/

Walpula Rahola, L’enseignement du Bouddha, d’après les textes les plus anciens, « Points »  Seuil, collection « Sagesses », 2004

http://www.dhammadelaforet.org/sommaire/walpola_rahula/meditation.html

BILL WATTERSON Calvin et Hobbes