Méditation pour avoir le choix et cultiver le calme en nous afin d’agir à partir d’un mental apaisé et non à partir de notre angoisse et de notre colère.
L’œuvre de Hilma af Klint, The Ten Largest, Group IV, No. 3 Youth 1907
« Méditer n’est pas une attitude passive.
C’est une attitude créative.
Parce qu’il s’agit d’agir, non pas à partir de notre angoisse,
mais à partir de notre calme.
Agir à partir d’un mental apaisé.
Et il s’apaise quand il est simplement présent à ce qui est. »
Jean-Yves LELOUP « Cela aussi, ça passera » Les Odyssées de la Conscience
« Méditer n’est pas une attitude passive.
C’est une attitude créative.
Parce qu’il s’agit d’agir, non pas à partir de notre angoisse,
mais à partir de notre calme.
Agir à partir d’un mental apaisé.
Et il s’apaise quand il est simplement présent à ce qui est. »
Jean-Yves LELOUP « Cela aussi, ça passera » Les Odyssées de la Conscience
https://www.slate.fr/audio/cest-plus-complique-que-ca/keep-calm-carry-on-vrai-message-affiche
https://www.youtube.com/watch?v=NyGAJMtul2s Noah parents hurlant calme toi
Affiche Keep Calm and Carry On (1939).
Keep Calm and Carry On (en français, « restez calme et continuez normalement ») était une affiche produite par le gouvernement britannique en 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale, destinée à relever le moral de l’opinion publique britannique en cas d’invasion. Elle était peu connue et n’a jamais été utilisée. L’affiche a été redécouverte en 2000 et a été réimprimée par un certain nombre d’entreprises privées, et utilisée comme thème de décoration pour toute une gamme de produits. Il subsiste seulement deux exemplaires connus de l’affiche originale, en dehors des archives du gouvernement1.
Histoire
L’affiche a été initialement produite par le ministère de l’Information2 en 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle était destinée à être affichée en vue de renforcer le moral dans le cas d’une défaite. Deux millions et demi d’exemplaires ont été imprimés, même si l’affiche n’a été diffusée qu’en nombre limité3. Le concepteur de l’affiche n’est pas connu.
L’affiche était la troisième d’une série de trois. Les deux précédentes affiches de la série « Your Courage, Your Cheerfulness, Your Resolution Will Bring Us Victory » (« Votre courage, votre gaieté, votre résolution nous apporteront la victoire ») (800 000 exemplaires imprimés en deux formats plus ou moins larges) et « Freedom Is In Peril, Defend It With All Your Might » (« La liberté est en péril, défendez-la de toutes vos forces ») (400 000 exemplaires imprimés) ont été diffusées et utilisées à travers le pays pour remotiver la population, car le ministère de l’information supposait que dans les premières semaines de la guerre elle serait démoralisée. La décision de préparer les affiches a été prise en avril 1939 ; en juin la conception a été achevée, et en août 1939, elles étaient en route vers l’impression, pour être affichées dans les 24 heures après le déclenchement de la guerre. Les affiches ont été conçues pour avoir une disposition uniforme, un design associé avec le ministère de l’Information, avec des caractères uniques et reconnaissables, avec un message du roi à son peuple.
Les slogans ont été créés par des fonctionnaires, avec M. Waterfield ajoutant « Your Courage » comme un « cri de guerre de ralliement qui fera ressortir le meilleur en chacun de nous et nous donnera, en même temps, un caractère offensif ». Ces affiches ont été particulièrement conçues comme « une déclaration du devoir de chaque citoyen », non-picturale, elle devait être accompagnée par des dessins plus familiers. L’affiche Your Courage a été beaucoup plus célèbre pendant la guerre, car ce fut la première des affiches du ministère de l’Information4.
Redécouverte et commercialisation
Affiche ou souvenir
En 2000, une copie de l’affiche « Keep Calm and Carry On » a été redécouverte chez Barter Books, une librairie de livres d’occasion à Alnwick, dans le Northumberland. Comme le Crown Copyright sur les œuvres artistiques créées par le gouvernement britannique expire après 50 ans, l’image est maintenant dans le domaine public5. Les propriétaires du magasin, Stuart et Marie Manley, ont ainsi pu réimprimer des copies à la demande des clients, comme l’ont fait d’autres, en Grande-Bretagne et à l’étranger. Il a inspiré des gammes de vêtements, de tasses, de paillassons, de vêtements de bébé et d’autres marchandises6, ainsi qu’un livre7 de citations de motivation.
Des parodies de l’affiche, ayant la même typographie mais avec la phrase ou le logo modifié (par exemple, une couronne à l’envers avec la mention Now Panic and Freak Out (« Maintenant paniquez et flippez »), ont également été vendues8. Selon la rubrique consacrée à la Grande Bretagne de la revue The Economist l’affiche revêt une « nostalgie d’un certain caractère britannique, d’une certaine attitude », et « exploite directement l’image mythique que le pays a de lui-même: courageux sans prétention, juste un peu guindé, buvant du thé pendant que les bombes tombent. »9 Son message a également été ressenti comme pertinent durant la récession de la fin des années 2000 et a été adopté en tant que devise officieuse par les infirmières britanniques, l’affiche apparaissant dans les salles de garde du personnel des hôpitaux avec une fréquence croissante tout au long des années 20006. Des marchandises avec l’image ont été commandées en masse par les entreprises financières et des agences de publicité américaines et allemandes8.
Elle est apparue sur les murs des lieux aussi divers que l’unité de la stratégie du Premier ministre au 10 Downing Street, le bureau de lord Chamberlain au palais de Buckingham et l’ambassade américaine en Belgique. Manleys a vendu quelque 41 000 affiches facsimilées entre 2001 et 20096.
En 2011, un ancien producteur de télévision, Mark Coop, après avoir échoué à déposer le slogan « Keep calm and carry on » auprès de l’Office britannique de la propriété intellectuelle, a réussi à le faire enregistrer comme marque communautaire auprès de l’Union européenne10. Les Manley et d’autres commerçants vendant des affiches avec ce slogan ont décidé de formuler un recours, arguant que l’on ne peut transformer un slogan historique en marque10. Leur requête a été rejetée, et le slogan de guerre est toujours une marque déposée en Europe.
https://www.bbc.com/afrique/articles/cx0lv9xl2qzo
Cinq façons d’être calme – et pourquoi c’est important Crédit photo, J.A. Bracchi
- Author, Lindsay Baker
- Role, BBC Culture
- 25 janvier 2023
Le calme est-il un état passif, qui implique de s’insensibiliser à ce qui se passe réellement ? Est-il dans certains cas contre nature, voire sociopathe ? Ou bien le sentiment de tranquillité est-il l’une des plus grandes qualités que nous puissions avoir ? Voici cinq idées sur le calme, depuis la philosophie de la sérénité jusqu’à la musique, l’art et la poésie qui peuvent nous faire ressentir la paix – et comment trouver notre “flux”.
La sérénité stoïcienne
“Restez calme et serein, peu importe ce que la vie vous réserve”, conseillait le philosophe romain Marcus Aurelius. On pourrait penser que cela semble plus facile à dire qu’à faire. Mais en fait, le stoïcien Aurèle avait le don de faire en sorte que le calme semble facile à atteindre.
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Selon John Sellars, auteur et lecteur à Royal Holloway, Université de Londres, le célèbre ouvrage d’Aurélius, Méditations, a pour but de “placer nos préoccupations quotidiennes dans une perspective plus large”.
En tant qu’empereur de Rome, Aurèle a dû faire face à d’énormes pressions, mais “Il se rappelle souvent à quel point sa vie est brève par rapport à l’immensité du temps, et combien elle est petite par rapport à l’ensemble du cosmos”, explique Sellars à BBC Culture. Conformément à sa vision stoïcienne de la vie, Aurèle se rappelle aussi constamment que “les frustrations ou les émotions négatives qu’il peut ressentir sont en fin de compte le produit de ses propres jugements ou interprétations des situations, et donc, par conséquent, des choses qu’il a le pouvoir de contrôler”, explique Sellars.
Crédit photo, Alamy
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Le philosophe Épictète et d’autres stoïciens pensaient que trouver le calme était essentiel – et que nous pouvions le contrôler.
Mais pourquoi mettre l’accent sur le calme ? Est-il vraiment si important de trouver la paix ? Dans la mentalité stoïcienne, il semble que le calme soit tout – il est la force. Comme Aurelius l’écrit dans les Méditations : “Plus un homme s’approche d’un esprit calme, plus il est proche de la force.” Sellars explique : “Le calme est essentiel pour vivre une vie bonne et heureuse, insisteraient Marcus et ses collègues stoïciens.
En effet, un esprit perturbé ou troublé ne sera pas en mesure de prendre des décisions raisonnables et rationnelles. La personne en proie à des émotions violentes, par exemple, n’a littéralement pas les idées claires. Elle a été vaincue et peut agir de manière impulsive ou violente.
Pour prendre de bonnes décisions, nous avons besoin d’un état d’esprit calme afin de pouvoir nous arrêter et réfléchir avant de nous comporter de manière purement réactive.” Selon les stoïciens, il suffit de voir que le calme est sous notre contrôle. Quoi qu’il se passe dans le monde, “tout dépend de nos jugements et interprétations des situations, et non des situations elles-mêmes”, explique Sellars.
Il ajoute que le philosophe Épictète, qui a été la principale influence d’Aurèle, a écrit : “Lorsque nous sommes frustrés, en colère ou malheureux, ne tenons jamais personne d’autre que nous-mêmes – c’est-à-dire nos jugements – pour responsable.” Cette idée stoïcienne fondamentale a été, selon Sellars, “une influence énorme sur les fondateurs de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) moderne et son efficacité a été prouvée par les nombreuses études sur la TCC qui ont été faites”.
Evasion électronique
Des flûtes de Pan prétendument apaisantes aux sons ambiants de la forêt tropicale, nous sommes tous habitués à l’idée de base des paysages sonores comme toile de fond apaisante.
Mais, bien entendu, les sons que chacun d’entre nous trouve reposants sont par définition une affaire personnelle, et il n’existe pas de bande sonore unique qui favorise la tranquillité pour tous.
Pendant des décennies, la musique électronique, le garage et la house ont été une forme d’évasion, évoluant d’abord dans les marges intéressantes de la société, et unissant des groupes disparates. Et selon l’artiste de musique électronique FitzGerald, les étoiles dans le ciel sont une évasion, une évasion qui nous relie tous.
Le morceau le plus apaisant de l’album est probablement Setting Sun, à apprécier non pas nécessairement sur une piste de danse animée, mais plutôt allongé sur un canapé ou debout sur une colline, en contemplant l’immensité de l’univers – et notre propre insignifiance.
L’art de la tranquillité
Crédit photo, Tate/Fondation Hilma af Klint)
Légende image,
L’œuvre de Hilma af Klint, The Ten Largest, Group IV, No. 3 Youth 1907, fera partie d’une prochaine exposition à la Tate Modern.
De même, dans le domaine des arts visuels, la tranquillité et l’expérience méditative d’un spectateur sont un psychodrame intense pour un autre.
Le New Yorker décrit l’œuvre de l’artiste suédoise Hilma af Kilmt comme “terriblement ésotérique” et en résonance avec “l’humeur inquiète de la culture actuelle”.
Pour d’autres spectateurs, des chefs-d’œuvre tels que The Ten Largest, Group lV, No. 3 Youth 1907 sont quintessentiellement paisibles dans leur énigmatique étrangeté. Mystique et peintre suédoise, Af Klint a développé son propre lexique de formes aux couleurs pastel plusieurs années avant d’autres artistes abstraits plus appréciés.
Af Klint a commencé sa carrière comme peintre paysagiste, inspirée par la nature, puis son travail a commencé à représenter des formes naturelles qui ont viré vers l’abstraction.
La spiritualité, la théosophie et la philosophie étaient au cœur de sa vision extravagante, et son œuvre reflète ce sentiment que quelque chose de plus grand que nous est en jeu – en fait, elle croyait que ses œuvres étaient peintes sous la direction d’esprits supérieurs.
Comme d’autres avant elle, elle considérait que notre existence n’était qu’un petit élément dans le grand schéma des choses. Bien que sa vision soit indéniablement woo-woo, son intérêt pour la métaphysique et la théosophie était complexe, voire semi-scientifique, et avait sa propre logique interne.
Elle était attirée par les écrits spiritualistes de la fondatrice de la Société théosophique, Madame Blavatsky, et par les idées philosophiques du mystique médiéval Christian Rosenkreuz.
Elle voulait que son travail facilite la médiation spirituelle qui transcende la réalité physique, et qu’il visualise une sorte de monde astral.
L’harmonie du haïku
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Le poète vagabond Matsuo Bashō était le maître du haïku – il renonçait à tous ses biens et voyageait partout, à la recherche de l’inspiration
Forme traditionnelle de la poésie japonaise, le haïku, qui se compose de 17 syllabes sur trois lignes, est largement considéré comme ayant un effet apaisant sur le lecteur.
La structure du haïku suit un compte strict de syllabes et encourage le poète à se concentrer sur une seule image ou un seul moment, ce qui a en soi un effet méditatif.
L’utilisation d’images de la nature dans les haïkus évoque également des sentiments de sérénité et de paix. La brièveté et la simplicité du haïku permettent au lecteur de contempler et de considérer le sens et l’imagerie sans se sentir submergé par des idées et un langage excessifs. Matsuo Bashō de la période Edo, le poète de haïku le plus connu – sa poésie complète est traduite dans le livre On Love and Barley : Haiku of Basho – est né à Iga-ueno près de Kyoto en 1644, et il a commencé à écrire des vers alors qu’il servait de compagnon à un aristocrate local.
Bashō était non seulement un maître du haïku, mais aussi un moine bouddhiste et un grand voyageur – lorsqu’il voyageait, il s’en remettait entièrement à l’hospitalité des temples et de ses collègues poètes. Ses poèmes gnomiques combinent l’idée zen d’une unité avec la création et le kurami, ou légèreté du toucher.
Chacun de ses poèmes évoque une scène du monde naturel – une grenouille bondissante, une lune d’été, une fleur de cerisier, une neige d’hiver – qui suggère la petitesse de la vie humaine dans le contexte de l’immensité de la nature.
Concis et dépouillé, son haïku le plus célèbre est The Old Pond : “Vieux bassin/ Une grenouille saute dedans/ Le bruit de l’eau”. Un autre est A Leafless Branch : “Sur une branche sans feuille/ Un corbeau vient se reposer -/ La nuit d’automne tombe”. Bashō menait une vie solitaire totalement dépourvue de possessions. On peut soutenir que ses haïkus sont le résultat d’un œil vif et d’un esprit méditatif qui ont été laissés libres de toute distraction liée aux “choses”, et qu’il est donc plus vivant à la beauté du monde qui l’entoure – et plus proche de sa propre intuition.
Trouvez votre flux
Le calme est considéré par certains avec suspicion – un état de calme est-il vraiment un état de passivité ? Un abandon de l’engagement, un renoncement ou, pire, une déconnexion sociopathe ? Mais être calme n’équivaut pas forcément à être passif ou engourdi. Lorsque nous sommes absorbés par quelque chose que nous aimons – la musique, le jardinage, le dessin, le tricot, l’écriture, peu importe – nous pouvons entrer dans un état de calme proche de la transe, hypnotisés par ce que nous faisons.
Comme l’affirme Mitsuhashi dans son livre sur l’ikigai, le fait de s’immerger dans la nature ou dans une activité particulière nous permet de nous concentrer sur ce qui se trouve devant nous, de libérer notre esprit d’autres choses et de trouver la paix. Dans son ouvrage classique The Artist’s Way, Julia Cameron encourage le lecteur à “s’engager dans un temps calme”. Elle écrit : “La créativité se produit dans l’instant, et dans l’instant nous sommes intemporels”. L’auteur Mihaly Csiksezentmihalyi soutient que ce qui nous fait vraiment nous sentir non seulement calmes et paisibles, mais aussi heureux d’être en vie, c’est de débloquer un état d’être plus satisfaisant.
Il appelle cet état d’esprit “flow”. Dans son livre intitulé Flow : The Psychology of Happiness, il met en lumière l’idée que de nombreux philosophes avant lui ont émise, à savoir que la voie de la paix ne réside pas dans un détachement aveugle, mais dans un défi conscient. Chacun d’entre nous trouve son flux de manière différente, ainsi que son sens du calme.
Publié par Laurence Lemoine le 03/01/2017 , mis à jour le 24/06/2021
Crédit photo : Istock
Nous nous sentons épuisés, inquiets, parfois meurtris. Besoin de calme ! Mais qu’est-ce que le calme ? Pourquoi lui résistons-nous ? Et comment, corps et âme, y accéder durablement ?
Musique industrielle. Visualisez des rouages, des horloges affolées, l’hyperactivité du monde du travail, l’omniprésence des réseaux, la peur de louper l’info, la difficulté de déconnecter, la lueur hypnotique des écrans. Résistez à l’envie de feuilleter. Ressentez. Vous êtes sur un tapis roulant, sur des terrains glissants. Le monde change. Montée des inégalités, de la violence, des océans, envahissement de la peur, flots de migrants, impuissance, crispation électorale, tout fout le camp, les institutions, le civisme, la pensée, du mal à suivre, à « gérer ». Action, réaction, mode automatique. L’urgence : surnager. Mais ne pas oublier d’espérer, d’être plus créatifs, positifs, et manger mieux, faire du sport, du yoga, pour être plus sereins, plus… calmes. Voilà, on va s’arrêter là. Observez votre corps, comment êtes-vous ? Crispés ? Agacés ? Oppressés ? Bien, nous pouvons commencer.
Écoutons nos messages d’alerte
Merci de vous être prêtés à l’expérience. Il s’agissait de vous mettre en condition d’éprouver, physiquement, le contraire du calme : l’agitation. Ou alors vos efforts pour ne pas ressentir ce qui montait en vous, manifestant la bonne santé de votre organisme : un message d’alerte. Oui, la fébrilité que nous nous efforçons de masquer, comme si elle constituait une faille dans notre système émotionnel, est, pour Catherine Aimelet-Périssol1
, médecin et psychothérapeute, « la preuve de son parfait fonctionnement : elle nous signale, dans notre corps, lieu de notre relation au monde, un défaut d’ajustement entre la situation et nous ». Concrètement, décrit-elle, l’agitation émotionnelle est semblable à ce qui se passe dans un bocal quand on le chauffe : les molécules tourbillonnent, veulent s’échapper. De la même façon, notre corps réagit à une situation qui, traversant le filtre de la mémoire, est perçue comme un danger. Ça bouillonne à l’intérieur (gorge serrée, respiration saccadée, ventre noué), l’émotion nous met en mouvement (précipitation, envie de fuir, de frapper), se colore affectivement (colère, angoisse, panique), se diffuse dans nos pensées (ruminations, accusations…).
Nos émotions sont la solution
Deux solutions alors : maintenir un calme apparent (donc nier ce que nous ressentons, au risque de demeurer dans une situation qui ne nous convient pas) ou créer les conditions d’un retour au calme. D’abord, « en admettant que nos émotions ne sont pas le problème, mais la solution, poursuit Catherine Aimelet-Périssol. Notre culture de la rationalité nous a appris à nous en méfier : nous devrions être capables de les maîtriser, de les tenir à distance. Nous devons au contraire apprendre à les écouter. Car nous sommes des êtres vivants avant d’être pensants ». Il s’agit ensuite de chercher un meilleur alignement du corps et de l’esprit. « Être calme, explique-t-elle, ce n’est pas ne rien ressentir. C’est être plus présent à soi-même, se sentir bien, dans sa tête et dans sa peau. » Le calme, synonyme de détente et de tonicité, peut être retrouvé par le corps (ajuster notre posture) ou par l’esprit (dire, agir conformément à nos désirs, nos valeurs). Pratiquer régulièrement une activité qui nous procure un bienêtre global (la marche, la poésie…), parce qu’elle correspond à nos goûts et non parce qu’elle est à la mode, contribue à installer dans nos vies un calme fait de confiance et de contentement. 1. Catherine Aimelet-Périssol, coauteure de E.M.O.T.I.O.N (Albin Michel).
Quand on l’interroge sur le calme, la psychanalyste Fabienne Kraemer
2
se rappelle la maison de ses grands-parents, la chambre monacale où elle passait des heures à lire, et le bruit du robinet auquel son grand-père emplissait son unique arrosoir. « Avec lui, il arrosait tout son potager, raconte-t-elle. Il y passait l’après-midi. Nos aînés savaient la lenteur, la patience, la concentration. Aujourd’hui, mes patients souffrent de ne plus être monotâches, de ne pas parvenir à apaiser le flot de leurs pensées. Ils aspirent au calme, mais s’en méfient tout autant. » Pris dans cette course à l’intensité que décrit l’écrivain et philosophe Tristan Garcia
3
, nous confondons plénitude et frénésie. Nous blindons nos agendas, enchaînons les activités, les sorties, sans plus avoir le temps de souffler. « Beaucoup cherchent le bonheur dans la multiplication des expériences : il s’agit de remplir sa vie pour ne pas être confronté au vide intérieur, observe la psychanalyste. Or la dispersion génère du stress, de la frustration : on ne fait jamais assez, ni assez bien. Le calme, lui, se nourrit de concentration, de lenteur, de modération. Il ne se grappille pas entre deux rendez-vous. Il requiert de faire des choix et de persévérer. » Celui de résister à l’accélération et à la surconsommation. De privilégier la qualité à la quantité. De se consacrer à une tâche, à une personne. Pour cela, Fabienne Kraemer recommande deux voies : la psychanalyse et la méditation, deux écoles d’acceptation et d’approfondissement de la connaissance de soi. « Le couple est aussi un terrain très intéressant pour expérimenter la responsabilité, la modération, le respect, l’ancrage… » Le calme, déployé dans le temps, consolidé à deux, s’apparente alors à la félicité.
Acceptons notre propre chaos
« Bien sûr, il est plus facile de trouver le calme au bord d’un lac. Mais l’important est de pouvoir s’apaiser dans la vie telle qu’elle est, avec ses contraintes et ses urgences, quand c’est difficile au travail, en famille. Et pour cela, on peut apprendre une manière d’être en relation avec soi-même applicable en toutes circonstances », affirme Nicole Rothenbühler
4
, thérapeute sociale. Parvenir à composer avec l’imperfection du monde demande d’abord d’accepter son propre chaos, « ne pas faire comme si on était un super-héros. Accepter qu’on est humain, pas surhumain ». Et par conséquent vulnérable, faillible. Et digne d’intérêt : « On consacre son énergie à s’occuper des autres, mais on prend rarement du temps pour s’intéresser à soi. Or c’est fondamental d’avoir envers soi la même écoute, la même bienveillance, le même souci d’aider. » Qu’est-ce que je ressens quand je me regarde : du dégoût, de la déception, de la tristesse ? « Nos douleurs intimes sont des ambitions secrètes, avance la thérapeute. Elles sont un appel à notre guérisseur intérieur. » Plutôt que de nous accabler, il convient « d’utiliser la matière qui monte pour dialoguer avec elle : ce que je pense, est-ce que c’est vrai ? Ce que je ressens, qu’est-ce que ça me rappelle ? Avec humilité et courage, on peut alors choisir de ne pas s’abandonner soi-même, de se donner ce que l’on mérite ». Ce travail, pour lequel on peut demander l’aide d’un psy ou s’adosser à un ami, permet de remettre de la réalité dans notre perception de nous-même et du monde. De ne plus être manipulé par ses peurs, par le regard d’autrui. Et de (re)conquérir l’amour de soi. « Le calme est ce qui demeure quand il n’y a plus de perturbation entre soi et soi, entre soi et ce que l’on veut faire, quand on sent son énergie au bon endroit, au bon moment. » Le calme, dès lors, c’est la puissance.
2. Fabienne Kraemer, auteure de Vingt et Une Clés pour l’amour slow (PUF).
3. Tristan Garcia, auteur de La Vie intense (Autrement).
4. Nicole Rothenbühler, coauteure de Savoir aimer dans des temps difficiles (Guy Trédaniel éditeur).
==> Pour aller plus loin
«J’ai appris que le calme était beaucoup plus déstabilisant que la colère… Qu’un sourire désarme beaucoup plus qu’un visage froncé, j’ai appris que le silence face à une offense est un cri qui fait trembler la terre.» ? Confucius ? #Confucius
Le Temps
Le calme, cet éden qu’on désire et qu’on redoute en même temps
Espaces de bien-être, stages de méditation, quêtes spirituelles… Jamais la sérénité n’a été aussi plébiscitée qu’aujourd’hui, et pourtant, la quête d’intensité, mantra contemporain, continue à stresser nos vies. Un ouvrage passionnant détaille le dilemme
Seul un calme absolu permet de savoir qui on est et ce qu’on veut faire de nos vies, affirment Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler dans leur ouvrage. Image d’illustration. — © Matthias Clamer / Getty Images
Publié le 23 avril 2022 à 11:11. Modifié le 23 avril 2022 à 13:12.
Bien sûr, il y a le bruit incessant des villes, la frénésie visuelle, les exigences professionnelles, l’aliénation numérique ou encore l’infinie possibilité de choix sous laquelle on ploie. Autant de facteurs extérieurs qui nous mettent sous pression. Mais, assurent Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler dans [Du calme. Comment lutter contre l’agitation intérieure](https://www.odilejacob.fr/catalogue/psychologie/developpement-personnel/du-calme9782415001315.php)_, un ouvrage sorti en mars dernier chez Odile Jacob, si l’individu contemporain est si stressé, c’est surtout parce qu’il est soumis à «une recherche permanente d’intensité», valeur suprême de notre siècle excité.
«A partir du XVIIIe siècle, nos sociétés se mettent à valoriser la vie intense incarnée par le libertin, le romantique, le révolutionnaire ou le poète maudit, par opposition aux figures tièdes du magistrat ou du bourgeois», notent les auteurs, citant le sociologue Tristan Garcia. Résultat, astreints à cette course aux sensations, on enquille des journées saturées et lorsqu’on a du temps libre, on est souvent hagards, éteints. Etreints par l’ennui ou le silence qui nous nuit. Bref, incapables de profiter de ces instants de «rien».
A ce sujet: L’art de ne rien faire
La solution? «Ralentir le rythme général en travaillant moins, notamment, et redonner à chaque expérience sa réelle importance», propose le duo, un psychologue et un philosophe qui, dans cet ouvrage très documenté, ont parfaitement réuni leurs compétences.
La grande accélération
Au XXe siècle, tout s’est accéléré. De l’interprétation de la musique classique aux gestes de la vie quotidienne, le tempo s’est emballé jusqu’à toucher le débit de nos mots. «Une étude norvégienne a montré que le nombre de phonèmes articulés par minute au Parlement avait augmenté de près de 50% entre 1945 et 1995!» Un constat que l’on a tous fait face à une émission de télé ou un film des années 1970. Cette impression que le montage plane, que le temps est plus épais.
Lire aussi: Le contrat social à l’âge de l’accélération
Autre donnée spectaculaire qui explique nos contemporaines palpitations? L’urbanisation massive de la planète. «En 1950, seul 30% de la population vivait dans des villes. Depuis 2007, le chiffre de 50% a été dépassé et l’on projette qu’en 2050, 75% de la population mondiale y résidera.» Avec, comme corollaire évident, le bruit incessant. Car le problème de notre époque n’est pas «tant le volume, qui est souvent contrôlé, que la durée d’exposition au bruit». Que ce soit dans les espaces intérieurs ou extérieurs, les nuisances sont «omniprésentes» et c’est cette constante pollution sonore, même ténue, qui, par accumulation, met les nerfs à vif.
La grande décision
Et puis, il y a le fameux vol de l’attention lié au monde numérique. Une étude citée par les auteurs montre qu’en 2014, les étudiants de l’Université Stanford changeaient d’objet d’attention toutes les… 19 secondes. Ou comment mails et réseaux sociaux empiètent sur l’activité principale. Une «crise de l’attention» qui n’est bien sûr pas réservée aux jeunes…
Lire également: Comment notre smartphone nous vole notre temps
Alors? Alors, il faut s’isoler au maximum et, si possible dans la nature, oser le week-end sans programme aucun, voire ses vacances entières à «réellement» ne rien faire. Le rien, disent Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler, n’est pas l’ennemi du bien. Au contraire. Seul un calme absolu permet de savoir qui on est et ce qu’on veut faire de nos vies. A empiler les applis et les actions, on comble les vides, mais on ne fait que creuser notre désolation.
La grande pression
Malheureusement, lorsqu’on applique ce programme de remise en forme psychique et qu’on fuit la ville et ses sollicitations, tels les épicuriens dans leur jardin, on est souvent gagnés par l’ennui. C’est que, justement, le modèle libéral de recherche permanente d’intensité doit être revisité, expliquent les auteurs. Depuis que les Lumières ont privilégié l’individu sur l’ordre divin et que les religions traditionnelles ont perdu du terrain, le devoir de réussite repose sur nos seules épaules. Ouvrier acharné de notre destin, on ne doit jamais baisser la garde et toujours marquer des points. Travail au top, famille idéale, maison de rêve, vacances prodigieuses, hobbies inédits, vêtements et mobiliers stylés, etc, notre vie est un défi permanent encouragé par la publicité et gare à celui qui se contente de peu. On le verra au mieux comme un original, au pire comme un loser.
Lire encore: La fatigue, cette ennemie à apprivoiser
Et pourtant, rappelle le duo, la logique occidentale asservit plus qu’elle ne sert l’individu. Burn-out, maladies cardiovasculaires, dépressions massives, addictions en tout genre, pertes de sens: l’hyper-flux tue, c’est un fait. Il faut donc suivre l’exemple de Thoreau, Wittgenstein et, avant eux, Epicure ou Sénèque. Se poser, plonger en nous-mêmes et savoir ce qu’on veut au fond plutôt qu’étaler ce qu’on vaut. Il en va de notre santé personnelle, mais aussi du salut collectif, puisque le climat souffre également de notre frénésie d’activités et de voyages-pillages.
Le grand remplacement
Après tant d’années de stress intériorisé, comment faire pour stopper la machine sans être hébétés? Il faut remplacer l’intensité par la cohérence et le sens, préconisent Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler. Parce que, paradoxalement, l’individu est plus occupé à rechercher l’intensité qu’à la vivre pour de bon. «Nos contemporains sont pour la plupart condamnés à désirer intensément d’abord, puis à se satisfaire de palliatifs expéditifs pour passer plus rapidement au vertige suivant», note le sociologue Tristan Garcia dans La Vie intense, cité par les auteurs.
D’accord pour ce grand remplacement, mais comment trouver alors la cohérence et le sens? D’abord, distinguer besoins et désirs, répondent les spécialistes, c’est-à-dire diminuer l’écume des jours, le superflu, pour ne garder que l’essentiel. Avoir un smartphone peut être considéré comme essentiel aujourd’hui, mais a-t-on besoin d’avoir le dernier?
Ensuite, repenser notre rapport au travail. Une personne qui se tue à la tâche a des loisirs explosifs pour compenser sa frustration. A l’inverse, quelqu’un qui travaille sérieusement, mais sans excès, peut se contenter de hobbies plus simples et moins onéreux, car il a moins de tensions à réparer. Réduire son train de vie ne revient pas à réduire sa vie, au contraire.
Le grand bonheur
En troisième lieu, oser l’expérience esthétique. Un moment en suspens où, dans la nature par exemple, le beau nous saisit à tel point qu’on a envie de pleurer. On peut pleurer, d’ailleurs, et respirer profondément, ajoutent les auteurs, qui rappellent qu’en prenant de grandes respirations, on active l’aile parasympathique de notre système nerveux signalant à notre organisme que «tout va bien». Enfin, il s’agit de profiter de ce calme pour «approfondir nos relations» plutôt qu’en changer frénétiquement.
En fait, résument Gaëtan Cousin et Konstantin Büchler, on peut choisir le bonheur. On y a droit et il est bien plus facile d’accès qu’on ne le croit. Il pourrait bientôt y avoir, d’un côté, des gens sur-stressés qui se paient des plages de bien-être spectaculaires, mais vaines et souvent nocives pour l’environnement. Et, de l’autre, des êtres qui travaillent moins pour vivre mieux et dont l’intensité des sensations est si réelle, si profonde que le bonheur serait à leur portée. Faites vos jeux!