La méditation renforce la robustesse psychique, appelée hardiness, que les grands mythes humains et les grands récits de l’humanité illustrent pour nous édifier et nous encourager dans nos efforts.

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Comment la méditation renforce-t-elle la robustesse psychique appelée hardiness ?
La méditation renforce la robustesse psychique, appelée hardiness, que nous avons pu déjà rencontré dans les grands récits de l’humanité.
L’histoire, la culture et les grandes traditions spirituelles regorgent de personnages qui, face à l’adversité se sont dressés, tranquilles et solides, comme s’ils avaient au fond d’eux une robustesse psychique exceptionnelle. On dirait qu’ils disposent d’une réserve inviolable de confiance en la vie quoi que celle-ci leur réserve. On a l’impression qu’ils cachent au fond d’eux-mêmes un coffre intérieur dans lequel le sens supérieur de leur action est tenue cachée et en sécurité. A Athènes, c’est la jeune Antigone qui se dresse face à son oncle Créon. Elle choisit d’appliquer des lois non-écrites qui lui intiment, du fond de son cœur, d’inhumer son frère pourtant jugé pour trahison et dont le corps est rejeté hors des murailles de la Cité. Dans la tragédie qui porte son nom, elle sacrifie son bonheur, son amour et la vie belle qui lui était promise. C’est aussi Socrate – toujours à Athènes – qui boit jusqu’à la lie la coupe de cigüe pour se conformer aux lois de la Cité. Ces lois lui sont précieuses car elle garantissent en Grèce aux citoyens d’être libres et égaux et donc une destinée à nulle autre pareille dans tout le monde antique qui était peuplé de royaumes, de sujets et d’esclaves.
Dans la Bible hébraïque, c’est Abraham qui s’apprête à sacrifier son fils Isaac pour préserver l’Alliance et dans l’Evangile, c’est Jésus qui se laisse arrêter et mener à la crucifixion pour témoigner de sa véritable et inaltérable nature. Dans le monde contemporain, c’est Gandhi qui se dresse dans l’Inde coloniale face à la couronne britannique avec la seule puissance de la non-violence. Et en Afrique du Sud, c’est Nelson Mandela qui passe 27 ans en prison et qui décide, à sa sortie, de se réconcilier avec les bourreaux d’autrefois pour construire un avenir commun. Il y a de nombreux autres exemples de Justes parmi les Nations ou de solidarité fraternelle dans les camps de concentration.
Au-delà de l’exemple édifiant et de la fascination exercée par ces trajectoires exceptionnelles, c’est intéressant d’observer qu’en effet certaines personnes ont développé une plus grande force psychique et se montrent moins vulnérables non seulement face à l’adversité mais aussi tout simplement face au stress quotidien.
La psychologue Suzanne Kobasa a mis en évidence cette notion de robustesse psychique, hardiness en anglais, qui se manifeste par une plus grande résistance et une meilleure endurance de certains humains qui protègent ainsi mieux leurs organismes des événements stressants et destabilisants de la vie.
Une thèse de médecine a également été soutenue à Paris en 1994 sur le lien entre robustesse psychique et psychosomatique. Il apparaît que la robustesse psychique permet de mieux composer avec les différents niveaux d’adversité et de se montrer plus résilient.
La résilience est la capacité à utiliser des stratégies personnelles pour s’adapter au changement voire même d’utiliser le changement comme une opportunité pour grandir et évoluer positivement. Doté d’une plus grande robustesse psychique, certaines personnes en effet, rebondissent plus vite et se reconstruisent mieux après un événement destabilisant et traumatisant. Elles parviennent ainsi à mieux surmonter les circonstances pénibles et à en subir des séquelles moins graves et moins durables.
Dans un article de la revue de la Ligue suisse pour le cerveau il apparaît que, dans des conditions extrêmes de dénuement et de misère, il existe des différences notables entre les enfants. Des enfants hawaïens ont ainsi été étudiés dans les années 1950 et certains ont pu faire preuve d’une remarquable résilience par rapport à d’autres selon les constats de l’étude poursuivie jusque dans les années 1970. Au-delà des facteurs génétiques et donc, quelles que soient les circonstances extérieures, il semble que ce soit la qualité du réseau social, des liens humains et en particulier du soutien affectif d’une personne proche qui soit un élément discriminant et prédicteur de résilience.
Au final, c’est encourageant de savoir que tout au long de la vie il est possible de développer la résistance et l’endurance psychiques pour parvenir à une meilleure robustesse et à une plus grande résilience face au stress et aux difficultés de la vie.
Certaines attitudes sont particulièrement efficaces comme de se focaliser sur ses acquis pour voir le verre à moitié plein et ressentir de la reconnaissance. On développera aussi des vertus prônées par le stoïcisme dès l’Antiquité. D’autre part, une alimentation saine et un exercice physique régulier sont indispensables pour dégrader les hormones du stress dans l’organisme. Enfin, pour limiter la détresse psychique et la vulnérabilité face à l’adversité et renforcer la santé mentale face aux agents stressants du quotidien, la méditation apparaît comme une pratique d’ « hygiène cognitive » (1) particulièrement efficace et bienfaisante.
La méditation est désormais recommandée par des sociétés comme l’entreprise Morneau Shepell qui fournit aux employés canadiens des services, des conseils et des technologies en ressources humaines favorisant notamment la santé. Méditer développe en effet les capacités d’adaptation car la méditation permet de bien connaître les automatismes de pensée négatifs, d’apprendre à privilégier le mode « résolution de problèmes » et de privilégier l’intelligence émotionnelle dans la gestion efficace de l’humeur et la prise de décision, depuis un espace de calme intérieur et de sérénité imperturbable.
Pratiquée régulièrement la méditation maintient donc notre équilibre psychique et de préserve notre santé mentale et physique.
Pour méditer, nous nous installons tranquillement, dans un temps et dans un espace légèrement en retrait du reste de notre vie. Ce temps et cet espace ne sont pas perdus mais sont au contraires nécessaires et précieux au déroulement du reste de notre vie. Méditer permettra progressivement de disposer de l’entièreté de nos ressources intérieures. C’est pourquoi nous nous offrons un entraînement régulier.
Nous nous engageons dans une pratique régulière car c’est une forme d’hygiène mentale ou une hygiène cognitive. En méditation, nous faisons le point de la situation et nous aspirons ainsi à mieux observer nos fonctionnements automatiques. Nous espérons aussi grâce à la méditation nous dégager de l’emprise de nos sautes d’humeur.
Méditer c’est aussi essayer, dans la prise de décision, de dégager, en nous, le temps du retour au calme et à la sérénité, pour trouver les solutions les plus adéquates instant après instant.
Nous tournons notre regard vers l’intérieur. Il ne s’agit pas d’une méthode d’auto-persuasion ni d’un déni de la réalité. Le réel en effet se montre parfois contrariant, parfois déstabilisant, parfois redoutable, cruel voire tragique. Pour mieux affronter les difficultés de l’existence, pour rencontrer l’adversité dans notre plus grande dignité, pour nous montrer tranquilles et solides face à elle, nous nous entraînons.
Nous nous entraînons à observer l’impact du réel sur nous : les empreintes physiques d’abord comme les tensions et les crispations. Puis, face aux contrariétés, nous nous habituons à observer nos pensées automatiques : il s’agira de débusquer en nous les jugements, les critiques, les reproches… On affinera le repérage aussi de toutes les pensées toxiques et de toutes les pensées parasites.
Ensuite nous descendons profondément en nous-mêmes. Nous essayons de rejoindre l’espace de la conscience dans lequel ce que nous sommes vraiment se révèle. Nous essayons de nous connecter à ce que nous sommes vraiment intérieurement. Nous connectons en nous cette réserve de confiance dans la Vie. Nous retrouvons en nous ce « coffre caché » à l’intérieur duquel le sens élevé de l’existence est conservé.
Petit à petit, tranquillement, tout au fond de nous, nous sentons que, quoiqu’il arrive, nous resterons solides, ancrés et dignes …pour traverser ou pour affronter ce qui nous sera donné de vivre … sans héroïsme ni condescendance mais avec humilité et authenticité, avec une grande fermeté et une grande détermination. Nous nous dressons, robustes, capables de nous adapter et capables aussi de rebondir et de grandir encore.
Nous méditons pour ressentir au plus profond de nous cette robustesse. Nous l’éprouvons dans notre corps, dans notre cœur, dans nos pensées, en restant pleinement présents et pleinement conscients de nos ressources intérieures.
(1)L’hygiène cognitive est la capacité de gérer efficacement ses pensées négatives, de préserver ses
capacités cognitives à résoudre des problèmes, et de prendre de bonnes décisions sans faire d’erreur de
réflexion influant sur la santé mentale.
Réécouter également en cliquant directement les précédents podcasts : CONFIANCE – ACCEPTATION
https://www.medecine-des-arts.com/fr/article/robustesse-psychique-hardiness.php
GIROUX DE LUCA MANUELLA, Consoli Silla. ROBUSTESSE PSYCHIQUE : INTERET EN PSYCHOSOMATIQUE. Lieu de publication inconnu: Éditeur inconnu; 1994