En quoi méditer c’est s’arrêter pour faire une pause et être avec soi ?
Trouver le bouton « pause » avec Jeanne Siaud-Facchin
MEDITER, C’EST S’ARRETER POUR ETRE AVEC SOI
La référence utilisée pour cette méditation c’est le livre de Jeanne SIAUD-FACCHIN intitulé « Tout est là, juste là ». Il s’agit d’un guide de méditation de pleine conscience pour les enfants et les ados. C’est un outil précieux et clair pour saisir l’essence de la méditation. L’ouvrage comporte aussi des pratiques dont celles de la pause qui sont très utiles au fil des jours. Bien sûr, cette manière de fonctionner, de s’arrêter pour faire une pause constitue un changement important et par conséquent suppose pas mal d’entrainement et beaucoup de patience pour parvenir ne serait-ce qu’à y penser puis à le mettre en œuvre et enfin parvenir à ce que ce soit assez facile et spontané.
Jeanne SIAUD-FACCHIN explique très bien que méditer « c’est s’arrêter juste s’arrêter » mais que c’est tout le challenge finalement qui consiste à apprendre à s’arrêter et à utiliser volontairement régulièrement spontanément « le bouton pause ». L’intention de la méditation, c’est de prendre quelques minutes pour être et rester avec soi, pour regarder en soi et autour de soi.
On peut le faire quelques instants ou plus longtemps. L’important serait de garder en conscience que « tout est là, juste là, maintenant et c’est tout ».
L’autrice invite à utiliser cette technique pour « se sentir vivre plutôt que se sentir subir la vie » et pour profiter du fait d’être vivant. Nous vivons dans un rythme effréné et nous subissons une très forte pression du temps avec cette sensation que tout va toujours plus vite, tellement vite que, intérieurement, nous avons cette sensation de ne jamais pouvoir aller assez vite et de ne jamais y arriver complétement . Cette accélération du temps fait que nous avons rempli le moindre interstice de nos plannings par une occupation. La consultation effrénée des smartphones a aggravée la situation car il n’y a plus une seconde vacante. Aussi pour Jeanne Siaud-Facchind « le temps est devenu très précieux », c’est même devenu « le plus grand luxe ». De même que la sédentarité et l’immobilité de nos vies a nécessité le sport comme anti-dote pour rester en bonne santé, la méditation est aussi une forme d’antidote, antidote à cette pression du temps.
En effet, pour cette autrice la méditation nous habitue et nous entraine à créer l’espace dans nos vies. Et c’est particulièrement précieux d’apprendre à créer un espace intérieur entre les événements et nos réactions.
On est sans arrêté stimulé ne serait-ce que par une pensée, une émotion, une interaction, une notification.
L’exercice de la pause consiste à essayer d’intercaler entre le stimulus et la façon dont je vais réagir, un petit espace, une petite respiration. Ca n’a l’air de rien mais, d’abord, c’est très difficile à faire quand on est émotif, réactif, impulsif, anxieux, stressé
Mais c’est décisif car ça permet de passer d’un état dans lequel se déclenche automatiquement et presque malgré soi une réaction spontanée ni forcément ajustée ni forcément pertinente, à un état dans lequel nous allons pouvoir choisir une réponse, ajuster une réponse, décider de la réponse que nous trouverons la plus pertinente au stimulus, ycompris et le plus souvent , quand il n’y a pas de réponse à apporter.
Trouver et activer le bouton « pause » en soi, permet de sortir des enchainements néfastes stimulus/réaction.
Evidemment, quand on est dans une grosse dispute ou dans une bagarre, c’est un véritable défi. Mais en fait l’autrice explique justement qu’au plus fort d’un conflit, quelques minutes de respiration, c’est une incroyable ressource pour soi qui peut passer presque inaperçue des autres.
Avec les enfants les élèves, l’autrice donne une petite astuce. On pourrait essayer de à regarder l’autre ( ses enfants, ses élèves, ses collègues) comme si on ne l’avait jamais vu. Et pendant quelques secondes seulement essayer de remarquer tout ce qui est beau chez lui, à ressentir et à respirer vraiment, pour ressentir ce qui est beau chez l’autre malgré tout et au cœur-même du conflit. Prendre dès que possible, une petite pause intérieure et observer si l’énervement se maintient ou si l’énervement diminue légèrement. On observera peut-être que le conflit est en train de se transformer à mesure qu’on prend le temps, simplement dans une intervention intérieure, de souffler et de changer de regard sur l’autre et sur la situation.
Le ressenti du souffle, c’est la méditation elle-même.
Se reconnecter aux sensations, sans modifier sa respiration, sans la manipuler mais pour trouver à l’intérieur de soi à la fois de l’espace dégagé par le souffle et finalement du temps, ne serait-ce qu’une seconde de pause.
Trouver « l’un arrêt sur image » qui permet d’intercaler entre le stimulus et la réponse un petit délai qui peut tout changer.
Pour activer le « bouton pause » au quotidien, nous nous entraînons à la méditation formelle. En effet, méditer c’est d’abord et avant tout, s’arrêter pour faire une pause avec soi.
S’ARRETER POUR FAIRE UNE PAUSE AVEC SOI
On commence plutôt à s’entrainer quand tout va bien ou quand tout ne va pas si mal pour pouvoir disposer de ressources au moment où c’est plus compliqué, c’est plus intense, c’est plus difficile.
Aussi nous prenons le temps de nous installer d’abord physiquement d’une façon qui soit relativement confortable, sans l’être trop pour ne pas s’endormir, et dans une posture qui ne nous demandera pas d’effort particulier, si possible, une posture redressée car la dignité de la posture rejaillit sur le moral.
Pour faire « une pause », il faut déjà parvenir à se capturer et à se poser physiquement. Pour marquer le STOP, on se pose au sens propre, puis on se pose au sens figuré. S’installer dans l’immobilité corporelle c’est à la fois une méthode mais également un symbole qui agit intérieurement.
Dans un second temps, je tourne mon attention son intention vers soi-même. Au lieu de diriger constamment notre attention vers l’extérieur, vers les autres, vers le monde extérieur, vers les activités extérieures
Pendant quelques instants, je dirige mon attention vers moi-même pour remarquer quel est mon état intérieur. Je deviens petit à petit le témoin, l’observateur de moi-même. Cette attitude de témoin et d’observateur, c’est l’essence de la méditation qui se déploie depuis la conscience.
Il n’y a aucune intention égoïste à cet exercice. Au contraire, nous prenons l’image des ronds dans l’eau qui font des cercles concentriques. C’est logique au fond : avant de tourner notre attention vers l’extérieur, nous vérifions à l’intérieur de nous ce qui se passe juste ici, juste maintenant.
Il ne s’agit d’entrer en dialogue intérieur ou de bavarder avec soi-même, ce qui active le mental et mène au ressassement et à la rumination. En observateur, il s’agit de prendre note d’une manière purement factuelle et purement descriptive de l’état interne. Sans analyser, sans critiquer, sans juger, sans repousser ce qu’on observe.
Quel est mon état intérieur ? depuis un espace qu’on appelle la conscience, je deviens l’observateur privilégié de cet état à l’intérieur
La troisième étape de cet « arrêt sur image » consiste à stabiliser l’attention, parvenir à une attention soutenue. On peut son attention sur les sensations de la respiration par exemple pour que ce soit plus facile.
Le cerveau est fait pour penser il pense…, il pense… mais nous revenons encore et encore et encore dans une attention soutenue vers notre état intérieur, au-dela des pensées.
C’est exactement cela méditer : déterminer un objet d’attention et y revenir encore et encore et encore et encore d’instant en instant. « Quel est mon état intérieur ? » ; ressentir la respiration et juste observer comment c’est ici et maintenant.
La dernière étape consiste à focaliser l’attention sur cet espace dégagé à l’intérieur de nous grâce à la respiration.
A l’inspiration les poumons se gonflent, le diaphragme s’abaisse, le ventre se soulève, nous ressentons physiquement que se dégage à l’intérieur de nous un espace, c’est l’espace de la respiration. Nous dégageons du flux quotidien agité, perturbé, un espace de respiration.
Nous découvrons que malgré tout en quelques instants nous pouvons disposer d’un espace intérieur. Nous découvrons au cœur de nous-même un coin tranquille, un espace intérieur protégé toujours disponible pour se poser, pour se reposer, pour se ressourcer, pour prendre du recul. Nous découvrons au cœur de nous même un espace de sécurité intérieure.
Depuis l’espace de la conscience qui observe nous disposons désormais d’un espace même tout petit pour laisser être qui advient en nous
un espace dans lequel nous nous sentons en sécurité intérieure
et nous n’avons plus lutter contre ce qui est en nous,
contre ce qui advient en nous, contre ce qui est advenu en nous.
depuis l’espace de la conscience qui observe nous pouvons prendre du recul ne plus lutter ne plus fusionner avec ce qui advient
et sans aucune attente, sans aucun but, peut être que nous ressentirons davantage de sérénité, davantage d’énergie même si ce n’est pas l’intention première
l’intention c’est juste de s’arrêter et juste observer ce qui est là,
respirer avec ce qui est là et laisser être ce qui est là
pour laisser faire et rester tranquillement avec soi
exactement comme ça se présente
maintenir une attention soutenue dans le temps d’instant en instant avec ce qui est là pour nous
sans lutter sans fusionner, sans effort
laisser être
laisser faire ce qui se présente et ce qui nous est donné à vivre dans l’expérience
dans l’instant présent
d’instant en instant.
Par l’intermédiaire de la respiration demeurer dans cet espace intérieur tranquille dégagé grâce à la respiration
un espace intérieur imperturbable, inaltérable, profondément tranquille et serein
et y demeurer sans appréhension sans inquiétude
dans la confiance qu’on saura à nouveau retrouver au moment opportun cet espace privilégié et cette ressource intérieure
on pensera à s’entrainer et à l’activer de temps en temps puis de plus en plus fréquemment
nous pouvons repartir dans notre vie et retrouver les flots du quotidien voire les tourbillons et les tempêtes qui nous éloignent de nous-mêmes
mais progressivement nous subirons légèrement moins le réel, nous aurons moins d’appréhension à nous y confronter mais au contraire un tout petit plus d’optimisme et de sérénité
bien sûr des fois nous boirons la tasse et nous serons submergés
mais au fond de nous nous avons une petite lueur qui nous guide à la surface et qui nous ramène vers l’espace intérieur de la conscience afin de nous installer paisiblement et délicatement avec nous-mêmes
n’importe où n’importe quand
Méditer c’est tourner son attention vers soi pour devenir témoin de ce qui se vit en nous, pour laisser être ce qui advient et rester avec un petit moment avant de repartir dans sa vie, peut-être à peine plus serein.
Pour apprendre à « se sentir vivre plutôt que se sentir subir la vie » et mieux « profiter d’être vivant », vous pouvez écouter en podcast l’introduction intitulée « Méditer c’est s’arrêter pour être avec soi »et le podcast de la pratique guidée intitulé « Juste une pause avec soi ». Vous pouvez également disposer du support pour les élèves « Présent à soi-même : STOP-FEEL-GO ».
Référence bibliographique
Jeanne SIAUD-FACCHIN,
Tout est là, juste là,
Méditation de pleine conscience pour les enfants et les ados aussi,
Odile Jacob, Paris 2014.
https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=anne+sylvestre+pause
Ça serait une Pause
Entre deux sonneries
Quand le bruit se repose
Un soupçon d’accalmie
Ça serait un silence
Au milieu du fracas
La minute d’absence
Où on ne répond pasUn petit temps d’arrêt
Siou plait
Je crois qu’il me faudrait
Juste un peu de secret
Juste un peu de secretFaire un palier
Rien qu’un petit palier
Grappiller cet instant
Pour mettre innocemment
Pour mettre impunément
Un peu de flou dans mon emploi du tempsÇa serait un mensonge
Entre deux vérités
Une question qui plonge
Avant d’être posée
Ça serait une fable
Au milieu des discours
Une fuite improbable
Un ultime recoursMême si ça dépayse
Oh please
Il faudrait que je dise
Juste quelques bêtises
Juste quelques bêtisesFaire un palier
Rien qu’un petit palier
Grappiller cet instant
Pour mettre innocemment
Pour mettre impunément
Un peu de flou dans mon emploi du tempsÇa serait un scaphandre
Au milieu des requins
Quand la chair est si tendre
Et l’habit si mesquin
Ça serait une esquive
A ce monde voyeur
La défense passive
Armure du rêveurSans beaucoup d’exigence
Je pense
Qu’il me faudra d’urgence
Juste un peu de silence
Juste un peu de silenceFaire un palier
Rien qu’un petit palier
Grappiller cet instant
Pour mettre innocemment
Pour mettre impunément
Un peu de flou dans mon emploi du tempsFaire un palier
Rien qu’un petit palier
Grappiller cet instant
Pour mettre innocemment
Pour mettre impunément
Un peu de flou dans mon emploi du temps